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DÉCOUVREZ LE FILM DE SAISON, by Ariane Catton

ÉDITO Place du Molard, je regarde les filles et les garçons qui se donnent rendez-vous au pied des grandes enseignes ; checks rapides, trois bises qui claquent. Dans les rues basses, on marche vite, vers des horizons souvent pragmatiques. Le Pont du Mont-Blanc tremble sous le fardeau régulier des autos, tandis que les touristes mitraillent le Jet d’eau. À quelques mètres du Car Touche, derrière la Vélostation de la Gare Cornavin, cette affiche, collée à la va-vite, sur laquelle on peut lire noir sur blanc : « Je veux des quartiers ». On lit son journal, on boit son express, on discute en terrasse de La Clémence. Au Parc des Bastions, un type en cravate, endormi dans l’herbe ; il me semble spécialement grand. Au café La Renaissance, Maïté embrasse la plupart des ses clients. Pour faire la manche devant la Poste des Eaux-Vives, il faut se faire discret. Fatima prépare ses salades ; Laetitia sourit en déposant sur ma table le petit seau de métal qui fait office de corbeille à pain. L’Hôtel Pax vient d’être rénové. De temps en temps, je croise le fantôme de Jorge Luis Borges, Nicolas Bouvier ou Mary Shelley. Je les salue ; ils ne répondent pas. A son balcon, Madame Binz n’est plus. Je pense à elle, tous les matins et les soirs de première. Partout, des enfants grandissent à notre insu. Toujours trop vite. Je vous écris depuis Genève. La culture sera toujours en lutte ; c’est dans son ADN : les lieux que les artistes ont choisi d’habiter sont des espaces d’inconfort, d’instabilité, de revendication naturelle, de protestation instinctive ; nous nous battons avec des épées de bois contre la dureté du présent, contre le repli sur soi, contre les jungles où nous perdons le fil de nous-mêmes, contre un temps qui travestit les poètes en entrepreneurs de spectacles, qui réduit les œuvres à des produits, et les spectateurs à des cibles marketing. Nous avons encore beaucoup à faire, défaire, découvrir, inventer, connaître, comprendre, partager. Contre un certain état du monde et pour l’écriture de nos rêves. De son goût pour la poésie, de son espoir d’un autre réel, chacun est l’ouvrier démuni, désorienté ou confiant. Quand on va au théâtre, je crois qu’on choisit la vie. Aller au théâtre, c’est dire qu’inlassablement on cherche à comprendre pourquoi on la choisit, pourquoi on la choisit jour après jour. Quand j’emmène mes enfants au théâtre, je les invite à célébrer la vie plutôt que le découragement, le cynisme, l’ennui. Je les y emmène régulièrement afin que seuls ils devinent ceci : que le théâtre, c’est l’art de la vie et qu’elle vaut la peine d’être questionnée et investie. Aux enfants, aux adolescents, à nous-mêmes, ne confisquons pas ce possible : un certain âge d’or (un autre, encore) est (forcément) pour demain (tout de suite) et nous en sommes (déjà) les acteurs. Fabrice Melquiot, directeur

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