L’enfant et le monstre

Camille Rebetez mesure deux mètres. Quand tu lui fais la bise, tu prends des risques musculaires. Dans sa tête, il y a une petite fille et dans la tête de la petite fille, il y a le Monstre, qui revient chaque nuit. On a été emportés par le texte de Camille. On l’a trouvé drôle et corrosif, fantaisiste et plein du courage de regarder les rêves en face pour mieux cerner notre réalité. Dans L’Enfant et le Monstre, elle n’existe que déformée par les rêves, neuf rêves en tout, neuf rêves et une illusion. La petite fille saute d’un rêve à l’autre, comme à saute-mouton, et quand le Monstre apparaît, ami et ennemi ; comme un désir et une angoisse, un diable qui n’aurait pas oublié qu’il fut un ange dans une autre vie. C’est un monstre un peu old-school dans un monde où tout s’évalue. C’est une enfant qui a ses peurs et ses doutes, son audace et son effronterie. Quand elle se réveille, elle tombe dans le rêve d’après, comme si Alice n’en finissait pas de tomber dans le terrier du lapin blanc. Au metteur en scène Guillaumarc Froidevaux d’imaginer, en lien avec la scénographe Neda Loncarevic, l’esthétique de chaque rêve, son atmosphère, sa théâtralité, ses codes de jeu. Sur scène, pour traduire les cauchemars et les rêves, il y aura les machines, les automates, les pantins, les trucs hallucinants qu’un autre Rebetez a dans sa tête à lui. L’autre, c’est Augustin, le cousin de Camille. Souvent, la famille, ça donne des cauchemars ; la preuve. Rassurez-vous, les enfants, on ne va pas vous traumatiser. En effaçant la réalité, en la noyant dans les rêves de l’Enfant, on la distinguera mieux. Rêver, pour voir les choses en face. Se laisser envahir par la fantaisie pour mieux grandir. Dire : j’ai peur. Pour apprendre à dire : j’ai eu peur, mais j’ai plus.

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