Vous avez toujours tout voulu savoir sur le théâtre et ses métiers ? Nous sommes là pour vous éclairer. Ici, nous dévoilons au fur et à mesure les 12 travaux du théâtre.
N°12 : LE RÉGISSEUR
Le régisseur général coordonne l’ensemble des régies spécifiques, en dialogue constant avec le directeur technique. Le régisseur de plateau organise, avec le chef machiniste, le travail de l’ensemble des techniciens ; il veille à la préparation du plateau, il participe au montage et au démontage des décors. Au théâtre, le régisseur est la pièce maîtresse tapie dans la pénombre des coulisses. Il prépare et coordonne la mise en œuvre matérielle d’une représentation. Il est le tigre placide qui connaît sa régie par cœur, le soldat au garde-à-vous près des tirages qui feront s’élever jusqu’aux cintres telle pièce du décor ou tel acteur. Le régisseur connaît la pression silencieuse des tops et des go. Son casque sur les oreilles ou sa machine à fumée au poing, il sait que la magie du spectacle vivant dépend beaucoup de lui, qui, suspendu à la moindre vibration du spectacle, a un sens du dramatique plus aigu que quiconque.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.
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N°11 : LE MAQUILLEUR
L’acteur se maquille et il meurt. Le maquilleur lui montre comment faire pour que ça passe sans douleur. Il suffit de quelques poudres, d’un peu de peinture ou de latex. L’acteur meurt dans sa loge, en se maquillant, comme on lui a appris. Le personnage alors renaît dans le miroir où la veille il avait disparu, démaquillé. Au théâtre, le maquillage offre à l’acteur de devenir un autre tout en restant lui-même. Il ne masque pas, il ne cache rien ; en outrant les traits du sujet, il révèle cette part essentielle de la fiction dramatique qu’est le personnage. Le maquilleur peut proposer un maquillage réaliste ou fantaisiste ; il fait du visage de l’acteur une carte à déchiffrer ; le message envoyé doit être intelligible et en adéquation avec la ligne artistique du spectacle. Ce serait comme chercher un tableau dans un corps qui bouge, accorder à une voix des couleurs et des matériaux. C’est à quelques jours de la première que le maquilleur surgit, pinceaux à la main. Alors on se demande comment on a fait avant, quand il n’était pas là, pour être autre chose que soi.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.
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N°10 : LE CRÉATEUR LUMIÈRE
L’éclairagiste de théâtre est à la fois artiste et technicien ; on parle souvent de lui en disant : le créateur lumière ; c’est presque un nom de superhéros : le Créateur-Lumière. C’est lui qui imagine la mise en lumière, la nature, l’intensité et la direction des éclairages. Son apport est essentiel pour définir la ligne esthétique du spectacle. S’il suit ses propres idées et se fie à son savoir-faire, il doit sans cesse dialoguer avec le metteur en scène. Il a sa propre langue, étrange pour le commun des mortels : il parle de gélatine, LED, Sunstrips, P18, Svoboda ou poursuite. Courbé sur son jeu d’orgue ou perché sur sa Génie, l’éclairagiste est un funambule aux yeux de lynx. C’est un chercheur qui dans ses éprouvettes met un peu d’ombre et un peu de lumière, pour voir ce que ça donne. Une bonne partie de l’espace lui appartient. Il en fait ce qu’il veut. Rien qu’en jouant avec ses doigts, avec ses yeux. Souvent, l’éclairagiste a de bons bras. Parce que les projecteurs, avant de les éclairer, il faut les porter.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.
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N°9 : LE CRÉATEUR SONORE
Créer des musiques ou une bande-son pour la scène, c’est passer sa vie à traîner des valises super lourdes, remplies de câbles, de pédales, de bidules électroniques, éventuellement de guitares ou de claviers. C’est râler dans le tram ou le métro quand il s’agit de charrier ça jusqu’au théâtre. « Non mais pourquoi j’ai pas continué le pipeau ? » est une phrase que le musicien de théâtre (qu’on affuble aussi d’un surnom de superhéros : le Créateur-Son), est tenté de souvent prononcer en levant les bras au ciel. C’est que le musicien de théâtre doit d’abord écouter les autres, tous les autres, et déchiffrer tous les signes lisibles au plateau, avant de s’écouter lui-même. Avant de produire du son qui lui est propre, il doit tous les absorber. La bande-son composée peut être off (enregistrée) ou le musicien peut l’interpréter en live (sur scène). Au théâtre, la musique, comme la lumière, est un énoncé à part entière ; au cœur du spectacle, elle porte son propre drame et sa propre comédie.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.
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N°8 : LE COSTUMIER
Le costumier de théâtre conçoit, réalise ou se procure des costumes qu’il soumet à l’approbation du metteur en scène et des comédiens. Le costumier lit la pièce, établit la liste des personnages et une ligne stylistique. Un travail de documentation peut s’avérer nécessaire. Le costumier, comme tous ses partenaires de travail, est donc un lecteur. Il doit aussi être capable de prépare un budget détaillé et un calendrier des travaux. C’est souvent le costumier qui choisit l’habilleur. Ce sont les Dupont et Dupond de la machine à coudre. Ils ont leur petit atelier à la marge des répétitions. Ils effectuent des esquisses, prennent les mensurations des comédiens, dessinent des patrons, choisissent les tissus, organisent les essayages, valorisent toujours les comédiens dont le corps est toujours idéal. « Cette veste tombe de façon impeccable. » « C’est fou comme cette couleur te va bien. » « Tu n’as pas maigri, toi, depuis la dernière fois ? » sont des phrases que le costumier doit apprendre à prononcer souvent. Ce n’est pas de la flatterie, c’est de l’encouragement. Connaître son métier, c’est toujours en savoir long sur la nature humaine.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.
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N°7 : LES ACTEURS
Choisir de devenir acteur, c’est embrasser un marché de l’emploi qui s’apparente à un parcours du combattant, c’est apprendre un métier où l’indicible fait sa loi, défendre une profession où l’instabilité est reine. Dans la vie d’un acteur, tout tremble, toujours. Il n’est pourtant pas sans technique ; de ses mouvements, de ses gestes, de ses intentions, de ses émotions, tout s’explore et tout s’explique. Apprendre par cœur son texte, préparer les répétitions, se documenter, exercer son regard critique, habiter un rôle avec autant de sincérité que d’habileté, creuser une forme sans autres outils que son corps, sa mémoire et son imaginaire, s’adapter aux exigences du metteur en scène : autant de défis qui font le quotidien superbe de l’acteur, résidant exemplaire de la contrevie qu’il oppose à la ronde des bureaux ou des supermarchés.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.
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N°6 : LE PEINTRE
Les peintres décorateurs sont les enfants de Vitruve ou de Léonard, lui qui dessina en 1496 un décor pour Danaé, comédie chantée de Taccone. Dans les mystères moyenâgeux, de petites loges faites de matériaux légers figuraient les lieux de l’action , elles étaient peintes. Les peintres décorateurs sont filles et fils de Bramante, de Raphaël ou de Peruzzi. Ils sont de la famille des artisans illusionnistes qui, de pinceaux en éponges, de chiffons en pochoirs, de pigments en colle à bois, exercent sur les décors leur pouvoir de métamorphose. Et parfois, c’est le temps qu’il faut peindre ; on appelle ça une patine de vie. Car les peintres décorateurs n’ont pas peur des fantômes ; de la main que les spectres ont posée sur les choses, les peintres décorateurs font leur jus. Coulures, traces, empreintes ; plongée dans la mémoire, la main évalue le moindre geste. Astuce : dans un supermarché, les peintres décorateurs poussant leur caddie se reconnaissent à leurs souliers, devenus des œuvres à part et qu’ils exposent parfois sur le rebord d’une fenêtre – peinte sur une toile, cela va de soi.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.
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N°5 : LE SCÉNOGRAPHE
Le scénographe imagine les décors nécessaires au spectacle et supervise leur construction. Il dessine des plans, réalise des maquettes, établit des devis, peut effectuer des commandes de matériaux. Il est préférable que le scénographe s’entende bien avec l’éclairagiste et le costumier. Sinon, bon ben c’est au metteur en scène de démontrer qu’il est balèze en relations humaines. Le scénographe doit faire preuve d’une certaine habileté manuelle, il doit maîtriser les logiciels de conception et connaître les propriétés des matériaux qu’il propose. Il doit posséder un sens aigu de l’espace ; si le mec ou la nana se cogne partout, méfiez-vous. Tout au long du projet auquel il participe, le scénographe doit rester à l’écoute du metteur en scène qui aime bien ça. Il est préférable que le scénographe s’entende bien avec le metteur en scène. Sinon, bon ben à l’assistant de démontrer qu’il est balèze en relations humaines.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.
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N°4 : LE PRODUCTEUR
La personne en charge de la production s’occupe du financement d’un projet artistique ; c’est elle qui tient les cordons de la bourse. Elle établira un budget prévisionnel, prendra en charge les demandes de subventions, recherchera toutes les solutions de financements auprès des institutions publiques, des fondations, des mécènes. Elle nouera des liens avec d’éventuels coproducteurs et supervisera la réalisation du projet en assurant la bonne gestion du budget pendant les répétitions et l’exploitation du spectacle. Ah quand on parle de fric, on rigole moins hein. Pourtant, certains producteurs ne sont pas sans humour. On en connaît. Le producteur doit être audacieux et rigoureux à la fois. C’est un entrepreneur au service des autres, le maillon argenté de la chaîne artistique. Dans son bureau, quand on entre, il brille souvent de mille feux. Pour se débarrasser de l’odeur d’argent qui lui colle à la peau, il a tendance à abuser de son parfum. On ne lui en veut pas. D’ailleurs, on ne lui en veut jamais : c’est lui qui remplit les fiches de paie, alors du calme.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.
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N°3 : L’ASSISTANT
C’est le bras droit, c’est l’éponge, c’est le planning, c’est le murmure à l’oreille du cheval, c’est celui qui a l’adresse de l’ostéopathe, c’est la bonne idée au moment où on ne l’attend plus, c’est la discrétion et l’audace, c’est la fille ou le garçon qui ronge son crayon de mine dans le gradin en attendant que le metteur en scène se décide enfin à dire un truc à l’acteur désemparé, c’est le roi du café, la reine du thé, c’est le surligneur, la souligneuse, c’est la prise de notes perpétuelle, c’est l’œil de Moscou quand Moscou était encore Moscou, c’est la personne en conjonction avec toute l’équipe, c’est l’humilité et l’ambition, c’est un frein rongé, c’est une bride abattue. C’est la personne sur qui on peut toujours compter, même tard, même très tard ; elle fera peut-être de la mise en scène plus tard, mais pour l’instant elle sait parfaitement où est sa place : au centre du jeu.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.
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N°2 : LE METTEUR EN SCÈNE
Le metteur en scène doit avoir des aptitudes physiques particulières, comme de gros coudes. S’ils sont trop petits, il sera difficile pour lui d’en jouer. Car les places sont chères pour ceux qui assument la responsabilité de définir les conditions de réalisation d’un spectacle. Le metteur en scène défend sa vision d’une pièce ou d’un sujet ; il est le chef d’orchestre qui coordonne tous les pôles gravitant autour d’un projet théâtral – mais c’est encore mieux quand il ne se prend pas (trop) pour le chef. Le metteur en scène peut s’être formé dans une école nationale ou bien sur le tas ; il a souvent été comédien, mais il a pris ses distances, il a eu besoin d’autre chose. Maintenant, l’essentiel de son job, c’est de voler intelligemment tous ses collaborateurs pour enrichir ses propres idées. Choix du texte, son, lumière, décor, costumes, direction d’acteurs : le metteur en scène est quelqu’un qui aime porter le chapeau, la casquette, le béret et parfois le bob. En tout cas, il a un sacré paquet de trucs qui lui pèsent sur le crâne. Mais il aime ça.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.
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N°1 : L’AUTEUR
Il peut être vivant ou mort, malade ou en bonne santé. Il puise son imagination au cœur du réel, au cœur des sociétés, au cœur des gens, au cœur des poèmes écrits par les autres écrivains. Il écrit des récits, des dialogues, des ritournelles, des confessions. Dans ses pièces, il y a des personnages, des figures, des voix, des silhouettes, des visages. Une scène reste éclairée dans sa tête, du matin au soir et du soir au matin ; c’est là qu’il dort, en position fœtale, comme si le théâtre était sa mère. De temps en temps, William Shakespeare glisse d’une coulisse à l’autre, sur des patins de feutre ; il est toujours hilare. Aristophane et Sophocle jouent aux cartes dans le trou du souffleur. Molière fait des entrechats ; Tchekhov crache des noyaux de cerise sous ses ballerines blanches. Alors l’écrivain vivant, le cœur à l’ombre des anciens, rêve d’être pompiste sur une route perdue d’Islande. Il rêve d’oublier son désir d’écrire pour le théâtre. Oublier les acteurs, oublier le metteur en scène, oublier le public. Mais c’est plus fort que lui, il continue de chercher des phrases.
Source : Hercule à la plage / Éditions La Joie de lire, 2019. Collection La Joie d’agir.