Caché dans son buisson de lavande Cyrano sentait bon la lessive

Comme le Don Quichotte de Cervantès ou le Gargantua de Rabelais, le Cyrano de Rostand plane parmi les grandes ombres étincelantes de la littérature. Gascon au grand cœur, poète au grand nez. Le pic, le cap, la péninsule, etc. On sait l’amour qu’il porte à sa cousine Roxane, amour qu’il cache, qu’il empêche. Car Roxane lorgne ailleurs, du côté de Christian, qu’elle trouve vachement beau; Christian wow trop beau. Bon, Roxane calme-toi. C’est Cyrano qui lui met les mots dans la bouche, à Christian, sinon Christian ce ne serait qu’une coquille vide. Sans Cyrano, Christian bof trop naze. Passons sur la fable. C’est un chef-d’œuvre, Cyrano, et puis c’est tout. Rien à ajouter. Chef-d’œuvre, basta. Viens voir le chef-d’œuvre, on a envie de te dire. La Compagnie Hecho en casa a choisi d’adapter, avec une finesse magique, le splendide album de Rébecca Dautremer et Taï-Marc Le Thanh. On connaît Rébecca (qui créa en 2012 les Drôles d’oiseaux d’Am Stram Gram, suspendus dans l’espace d’accueil du théâtre). À elle seule, c’est pas pour dire, mais elle est aussi une espèce de chef-d’œuvre. On est heureux de la retrouver, présente partout dans l’image de ce Cyrano tiré d’un Japon de rêve ; une vision orientale qui recentre d’autant plus le regard sur l’œuvre originale. Ce Cyrano-là est unique, revivifié par la plume de Taï-Marc Le Thanh, qui restitue l’essentiel de la fable et la beauté de ce grand poème d’amour. Et si t’as six ans, ben oui, tu peux voir Cyrano. Et si tu comprends pas tout, c’est normal, ça parle d’amour. Photographies Guy Labadens