JEAN-BAPTISTE ANDRÉ, PROFESSION ACROBATE

Posté sur Oct 11, 2012 dans ACTUALITÉS, Spectacles

Du 16 au 20 octobre, ne ratez pas « Intérieur Nuit », un spectacle drôle et curieux qui se joue de nos sens, inventé par ce « Spiderman poétique », à la fois clown, acrobate, danseur, équilibriste, qu’est Jean-Baptiste André. Entre cirque, poésie, danse et nouvelles techniques, son travail éblouit. Un spectacle présenté pour la première fois en Suisse, pour tous à partir de 9 ans.

Marcher sur les mains, c’est un métier ?
Tout dépend de ce qu’on entend par métier. C’est un métier, oui, si on l’entend comme ce qui vous fournit du travail.
 Et marcher sur les mains fournit beaucoup de travail (rires). Parce qu’il faut tous les jours garder son équilibre, je veux dire s’entraîner, travailler pour garder une bonne condition physique, pour continuer à rechercher, à apprivoiser son corps, à essayer de progresser encore et encore. 
Et cela, c’est beaucoup de travail.
 Oui c’est un métier si on l’entend par le fait d’un savoir-faire, d’un métier qu’on aurait appris pendant de longues années, ce par quoi on devient professionnel.

Je dirai alors que marcher sur les mains, chercher les équilibres sur les mains, plus qu’un métier, c’est une pratique, c’est une passion, c’est une possibilité, un moyen d’expression,
une position du corps, et un regard sur le monde.


Qu’est-ce que c’est pour vous, une métamorphose ? Est-ce que vous aimez vous transformer ?
Le thème de la métamorphose a guidé la recherche artistique pour le spectacle. J’ai été beaucoup inspiré par le livre de Franz Kafka, par ce récit à la limite de la science-fiction,
 par l’histoire de ce personnage qui du jour au lendemain doit réapprivoiser son corps, trouver comment se retourner, réapprivoiser sa perception, et l’espace tout autour.
 J’ai été fasciné par cette idée qu’il puisse d’un coup se renverser, marcher sur les murs, s’asseoir au plafond.
 C’est comme une manière pour lui de reconsidérer son environnement, de le voir sous un nouveau jour, d’un nouveau point de vue.

Pour moi, il y a d’abord cette transformation physique, le fait d’avoir un nouveau corps. D’être obligé d’endosser un nouvel aspect, et du même coup une nouvelle identité.
 C’était un écho très fort pour moi à ma pratique, au fait d’apprivoiser son corps, de l’utiliser, d’essayer de le maîtriser pour mieux le transformer.
 Et d’une métamorphose physique, cela a évolué vers une métamorphose spatiale, temporelle, sensorielle. J’ai essayé de transposer cela à l’action sur scène, 
mais aussi dans l’utilisation de la lumière, de la musique, et même des sens (collaboration avec une parfumeuse). 
Il ne s’agit pas pour moi de me transformer, avec ce verbe on sous-entend qu’on change pour quelque chose d’autre, de différent, voire d’opposé.
La figure de la métamorphose laisse apparaître une nouvelle forme, je dirais qu’on part de quelque chose de connu, d’une référence, d’un corps, pour glisser vers une autre forme,
un autre corps, comme si on se glissait dans une autre peau. Mais on se souvient d’où on est parti. Il y a quelque chose de plus doux et évolutif pour moi. 

Et j’aime cette image de la métamorphose, comme une métaphore aussi de ce que sont nos vies, dans lesquelles on change, on évolue, on se renouvelle en permanence.
 Pour le spectacle, je dirais que c’est simplement laisser voir, ne pas chercher à montrer absolument, laisser entrer le spectateur dans cet intérieur.



Pourquoi votre spectacle a-t-il pour titre “Intérieur nuit » ?
Alors que je commençais mes recherches sur le spectacle (2003), j’ai lu le livre de Jean-Noël Blanc Hôtel intérieur nuit 
qui est un recueil de petites nouvelles, dont chacune porte le numéro d’une chambre. Et au fur et à mesure du livre, on se rend compte que tous ces numéros, toutes ces chambres constituent l’hôtel dans son ensemble, et que toutes ces histoires communiquent entre elles. 
J’ai aimé dans ce livre le fait que chaque histoire se concentre sur un intérieur de chambre particulier, un univers particulier avec ses occupants à chaque fois différents. 
Ce qui m’a plu c’est d’imaginer cet hôtel comme une maison de poupée, dont on aurait enlevé la façade pour voir la construction et l’organisation de toutes pièces entre elles. 
J’ai travaillé dans la conception de la scénographie sur cette idée de pièce fermée, d’univers clos, qui peut-être à la fois chambre, un chez-soi, mais aussi cour intérieure, cellule de prison, salle d’attente, espace vide. 
L’expression « intérieur nuit » se rapporte aussi aux didascalies dans les scénarios de cinéma. Outre la dimension picturale et cinématographique que je voulais donner au projet, je voulais aussi que le titre soit une forme de métonymie du spectacle, que cela concerne à la fois le contenant et le contenu, que cela désigne à la fois l’action dans le spectacle mais aussi l’espace dans lequel cela se joue.

C’est un intérieur, un endroit fermé, où il y a du noir, où il fait nuit.
 C’est à la fois un réveil, une découverte autant qu’un voyage nocturne, une divagation, une rêverie.

copyright photo / Havat