le blues de jean lhomme

Un conte jazz. L’histoire d’un « homme de rien », un de ces types sans nom, sans toit ni rien, racontée par Docteur Blues et Mister Tchatche, bluesmen aveugles, amis des corbeaux. L’un d’entre eux, nommé Corvus Corax, joue les présentateurs et pour montrer sa belle voix, il ouvre un large bec et... chante le blues. Cet homme sans nom, sans toit ni rien, Mister Tchatche l’appelle Jean Lhomme. Nous croisons tous les jours de nombreux Jean Lhomme. Nous ne les voyons pas, ou nous faisons semblant de ne pas les voir. Mais eux nous voient. Nous les confondons volontiers avec les objets qui jalonnent les trottoirs de nos villes - bancs, panneaux, lampadaires, poubelles... Mais Jean Lhomme n’est pas un objet : il est le veilleur du monde. Voir les photographies du Blues de Jean Lhomme (crédit : Elisabeth Carecchio) Le Blues de Jean Lhomme, conte jazz contemporain, est la première incursion d’Enzo Cormann et Jean-Marc Padovani sur les territoires d’enfance. Accompagnés de Charlène Martin au chant et Paul Brousseau aux claviers, les deux complices ouvrent à la conscience et à l’oreille des paysages que le quotidien a usés et que l’alliance du poème et du jazz réveille, pour la joie de voir l’Homme comme si c’était la première fois. Ici, le cœur cogne, les appuis résonnent, on court ou on traîne, mais toujours on swingue, à l’assaut de son propre regard. L’écrivain Enzo Cormann et le saxophoniste Jean-Marc Padovani ont fondé La Grande Ritournelle il y a plus de vingt ans. Ensemble, ils célèbrent l’alliance du jazz et du théâtre, de la note et du mot, faisant fi des frontières, inventant à la parole un devenir-musique et à la musique un devenir-parole. Interview de JM Padovani et Enzo Cormann - emission Magma, Espace 2, 14.11.13 DOSSIER DE PRESSE

Dès sa création en 1990, la Grande Ritournelle a été conçue par Enzo Cormann et Jean-Marc Padovani comme la possibilité d’un jeu de déplacements et d’échanges. Collision plutôt que fusion. Entrelacs et interférences plutôt que symbiose. Moins un ensemble, qu’un avec. La frontière entre la musique et la vie (la «prose du monde»...) est particulièrement poreuse : toujours un bruit, un cri, une parole en devenir-musique; à chaque note, chaque phrase musicale, chaque composition, son potentiel d’incongruité, de dissonance, de cacophonie. Parler en termes de musicalité langagière, ou de discours musical ne fait qu’entériner ces devenirs croisés, où les mots et les notes ont partie liée. Belle aventure (re)singularisante des devenirs dépris de l’ordre déjà classé des territoires établis, des «disciplines» et des frontières, des agencements et des pratiques. Devenir-parole de la musique, devenir-musique de la parole.... Ce que le jazz nomme improvisation, nous le jouons sur le terrain de l’autre : mots soufflés, notes dites. Lâcher prise, s’oublier, tout oreilles, chant du monde. Pulsation : donné à entendre, le texte devient parole. Il y a une respiration et un beat, comme dans la marche. Un cœur cogne, des appuis résonnent. On court ou on traîne — mais on lancine. De là le chant, le devenir-voix du texte, du poème. «Jazz poem» dit cette gorge déployée et ce pied qui bat le temps. Mais la langue déborde le beat, joue hors-les-murs de la prison de mesures. Ni scat, ni slam, ni rap. Spoken words, si l’on veut — mais nous préfèrerons spoken music. (Spoken words : (litt. Mots parlés) forme de poésie orale innovée par les Last Poets dans les 70’s.) Jean-Marc Padovani - Enzo Cormann «La grande ritournelle s’élève à mesure qu’on s’éloigne de la maison, même si c’est pour y revenir, puisque plus personne ne nous reconnaîtra quand nous reviendrons.» (in G. DELEUZE ET F. GUATTARI Qu’est-ce que la philosophie ?)

texte Enzo Cormann musique Jean-Marc Padovani Interprété sur scène par claviers électroniques Paul Brousseau dit Enzo Cormann chant Charlène Martin saxophones Jean-Marc Padovani Musique de scène enregistrée par claviers électroniques Paul Brousseau contrebasse Maxime Delporte trompette Nicolas Gardel saxophones Jean-Marc Padovani batterie Pierre Pollet trombone Olivier Sabatier Prise de son et mixage Pierre Fleygnac conseil artistique Fabrice Melquiot Une création du Théâtre Am Stram Gram et de SoléArt Productions.